Enseignement de la psychothérapie : tour d’horizon dans le monde et paradoxes français

En France, psychothérapeute est une profession réglementée. Ses conditions d’accès sont subordonnées à l’obtention d’un diplôme. Faire usage du titre protégé de psychothérapeute requiert ce faisant une certification particulière depuis l’Amendement Accoyer de 2004 : ne peuvent prétendre à ce titre que les psychiatres, les médecins ayant suivi une formation et un stage, et les psychologues cliniciens (licenciés et masterisés) ayant effectué un stage de 500h. Pour autant, la définition, les conditions de formation ou encore l’exercice de la psychothérapie restent vagues.

Tour d’horizon en Europe : à chacun sa recette

Le paysage européen lui-même se montre extrêmement pluriel. Tous les pays ne disposent pas d’une lois spécifique concernant l’exercice de la psychothérapie et les modalités de protection du titre se montrent très hétérogènes d’un pays à l’autre.

Certains ont adopté une législation réglementant la psychothérapie, d’autres non, soit de façon indépendante vis-à-vis de la psychologie et de la médecine, soit en soumettant l’exercice de la psychothérapie à l’obtention préalable de diplômes en médecine ou en psychologie.

La profession indépendante de psychothérapeute est ainsi protégée en Autriche, en Finlande, ou encore en Suède. En Angleterre, l’obtention du titre n’est accessible qu’à un niveau doctoral. En Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, en Suisse ou en Allemagne, la profession est seulement accessible aux psychiatres et aux psychologues cliniciens effectuant des formations supplémentaires (formations postgrades ou post-universitaires). Plus encore : en Belgique, en Angleterre et aux Pays Bas, une re-certification est exigée tous les 5ans.

Si l’Europe, en 1997, a tenté d’établir une profession cohérente en réponse à l’absence de réglementation nationale dans la plupart des pays à cette époque en proposant un Certificat Européen de Psychothérapie (CEP) institué par l’Association Européenne de Psychothérapie (EAP), il ne représente ni un diplôme, ni un titre certifié et ne remplace aucunement une réglementation nationale.

Autant de disparités interroge, dans la mesure où cette question de l’accès au titre et de contenu de formation est directement en lien avec la reconnaissance de la profession. Et dans certains pays, le métier manque encore de lisibilité et de valorisation.

Le cas des USA : une profession valorisée

C’est outre Atlantique que l’écart se fait le plus saisissant. Aux États-Unis, les salaires annuels des psychologues cliniciens – psychothérapeutes peuvent varier entre $60 000 et plus de $120 000 en fonction du secteur, alors qu’en France les salaires varient en moyenne entre 30 000€ et 50 000€ par an dans le secteur public.

Aux États-Unis, l’obtention du titre exige un niveau doctoral, l’exercice de la psychothérapie requiert une licence d’exercice délivrée par l’État : les psychologues cliniciens doivent compléter un nombre d’heures de supervision clinique d’environ 1 500 à 2 000 heures et réussir l’Examen pour la Pratique Professionnelle en Psychologie. Pour conserver leur licence, ils doivent également participer à des formations continues et maintenir leur accréditation via des associations professionnelles.

La formation plus longue, plus coûteuse et plus exigeante des psychothérapeutes Américains favorise l’accès à des salaires plus élevés que leurs homologues français et par là-même, à une plus grande valorisation de la profession.

La situation en France : ouvrir la discussion

En France, certains déplorent des formations initiales trop hétéroclites, trop éloignées de la réalité du terrain, ou bien un manque de bagage en psychothérapie dans la formation initiale. La formation en psychologie clinique sensibilise principalement les étudiants à la pratique des entretiens cliniques et à la psychopathologie (fondamental mais non suffisant), mais pas ou peu en psychothérapie dont les initiations ne s’ouvrent classiquement qu’au niveau Master.

Plus troublant encore, sur les 35 universités ayant un enseignement de psychologie, seules 6 enseignent les Thérapie Cognitivo-comportementales (TCC) et l’Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), les deux psychothérapies validées scientifiquement et recommandées par les grandes instances de santé.

En nous penchant plus avant sur les volumes horaires pour les TCC, elles ne représentent généralement que 15 à 30% du volume total des enseignements dans ces masters, selon le programme et le niveau de spécialisation. L’EMDR constitue souvent une plus petite part, environ 5 à 10%, souvent sous forme d’introduction ou de modules optionnels. Une certification complémentaire est donc souvent nécessaire pour l’EMDR et les TCC après le Master.

Des spécificités nationales

L’Histoire française de la psychothérapie n’y est pas complètement étrangère. Des années durant, la souveraineté de la psychanalyse, à une époque où elle s’est déjà largement psychiatrisée dans la plupart des pays, nous a poussé à n’envisager la psychothérapie que comme un parent simpliste et desubjectivé. Avec l’essor des TCC dans les années 2000, la psychanalyse perd sa juridiction. Certains éléments en font toutefois encore témoignage aujourd’hui, notamment dans le cursus universitaire de psychologie, historiquement pensé sous influence freudienne.

Plus encore, la France est un cas unique en Europe. Il est le seul pays ayant règlementé la profession de psychothérapeute tout en conservant uniquement le carcan universitaire comme formation, donc sans complément post-master exigée comme ailleurs. L’amendement Accoyer n’a donc pas été l’occasion d’une réflexion sur la mise en place d’une formation spécifique à la psychothérapie.

Alors comment asseoir une meilleure reconnaissance de la profession ?

Plus d’un pays semble trouver des réponses dans l’allongement de la formation ou la mise en place obligatoire de formations complémentaires. Est-ce que la solution se trouve dans un diplôme de doctorat professionnalisant comme en Angleterre ou au États-Unis ? Dans des formations spécifiques en post-master comme en Allemagne, en Suisse ou en Italie ? Des formations continues systématiques ? De nombreuses questions se posent alors même que la formation française des psychothérapeutes est presque absente du débat publique aujourd’hui.

 

Et la Haute École de Psychothérapie dans tout ça ?

C’est dans ce contexte qu’est née notre formation de la Haute École de Psychothérapie (HEP), qui, rappelons-le, ne délivre pas le titre de psychothérapeute, mais propose une formation aux psychothérapies validées et consensuelles.

Une formation pensée autour des psychothérapies

La maîtrise de la psychothérapie ne se base pas uniquement sur un savoir nosographique ou sur une connaissance du développement psychique, elle demande une maîtrise des méthodes de soins psychiques.

C’est pourquoi, suite à l’acquisition des fondamentaux théoriques sur le développement normal à tout âge (nourrisson, enfants, adolescents, adultes, adultes âgés) ainsi que sur le pathologique (nosographie, épidémiologie, évaluation..), la Haute École de Psychothérapie forme ses étudiants aux thérapies validées qui font consensus auprès de l’Organisation Mondiale de la Santé et la Haute Autorité Santé (la psychothérapie EMDR et les thérapies cognitives comportementales).

Un enseignement structuré par modules

L’approche de HEP se veut pragmatique, rigoureuse et scientifique dans ses enseignements. Les savoirs fondamentaux intégratifs sont abordés de façon chronologique, par modules, puis articulés les uns aux autres.

Un livret d’enseignement est remis préalablement à chaque cours, et ces derniers sont encadrés d’évaluations pour appréhender l’évolution de chaque étudiant, permettant un suivi individualisé.

Aussi, un module de recherche leur permet de contribuer à l’évolution des connaissances en psychothérapie.

Une pédagogie interactive

La Haute École de Psychothérapie s’inscrit également dans une pédagogie interactive, via des mises en situations, discussions et débats contradictoires. Les cours sont donc des lieux d’échanges où ce qui est délivré est directement mis en pratique pour un apprentissage en lien direct avec la réalité du terrain du métier de thérapeute. HEP met donc l’accent sur l’ immersion : l’acquisition des savoirs passe par l’expérience.

La pratique tient ainsi une place centrale dans cette formation. Car à cette base très fournie (540h de cours sur 2 ans), la Haute École de Psychothérapie ajoute plus de 140h de stages et supervisions. Les étudiants sont formés par des psychothérapeutes en exercice et ont l’opportunité de suivre des cas réels en stage dès la première année de formation.

Pour en savoir plus, découvrez le programme complet de la Haute Ecole de Psychothérapie.

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